La librairie est morte, vive la... ?

La quoi ?
Le monde de la librairie vit une mutation sans précédent, le commerce électronique et la dématérialisation du livre .
Comment les libraires doivent-ils s'adapter à cette nouvelle donne ?
Si la librairie d'aujourd'hui est morte, alors quelle sera-t-elle demain ?

samedi 20 décembre 2014

Culture du livre vs Culture numérique (Vidéo)





Cela fait plusieurs semaine, à intervalle régulier que je lis et relis ce petit livre très intéressant de Serge Tisseron : "3-6-9-12, apprivoiser les écrans et grandir".





Vous pouvez même télécharger et imprimer (ou la commander) ces 2 affiches pour les installer dans les écoles, les salles d'attente, les crèches...

Je ne vais pas revenir sur l'ensemble du livre, son postulat et vous laisserai le loisir de le découvrir personnellement.



Ce qui donne objet à ce billet est le chapitre 6 : "La quadruple révolution des technologies numériques" (page 89).
  • "Une révolution dans la relation aux savoirs
  • Une révolution dans la relation aux apprentissages
  • Une révolution psychologique
  • Une révoltuion des liens et de la sociabilité"
Pour finir sur "L'indispensable complémentarité"

Ce chapitre décrit très bien ce qui est en train de se passer et le choc apparent entre notre culture avant le web, notamment 2.0 et aujourd'hui.

Extrait : 
  • "L'écriture a perdu sa suprématie comme vecteur principal de la pensée et de la communication, car un autre vecteur s'est imposé, celui des écrans. Du coup, la culture du livre n'est en rien minimisée, elle est seulement relativisée." (...) 
  • "Mais l'invention du numérique a poussé en avant d'autres repères, de telle façon qu'il est possible aujourd'hui d'opposer deux manières de penser : l'une organisée selon la chaîne linéaire propre au texte parlé ou écrit; l'autre qui utilise toutes les possibilités de la construction spatiale et de l'interactivité."
  • "Quand nous parlons de culture du livre et de culture des écrans, il s'agit donc de modèle (ou si l'on préfère de paradigme) et non de support. D'ailleurs, avant l'invention du livre, la culture orale faisait cohabiter à part égale pensée linéaire et pensée spatialisée."
  • "Pourtant, nous allons voir que la culture du livre et celle des écrans s'opposent pratiquement sur tous les points. La rupture entre les deux concerne à la fois la relation aux savoirs et aux apprentissages, le fonctionnement psychique et la créations de liens."
  • "Comme son nom l'indique, la culture du livre est une culture du singulier, autrement dit de l'un. Au contraire, la culture des écrans est une culture du multiple."
  • "Un lecteur est seul devant un seul livre écrit par un seul auteur. Du coup, cette culture est dominée par une conception verticale du savoir"
  • "Au contraire la culture des écrans est placée sous le signe du multiple : plusieurs personnes sont réunies devant plusieurs écrans (...) dont les contenus ont été créés par des équipes. (...) Cette culture est placée sous le signe d'une relation horizontale au savoir : son modèle est l'encyclopédie Wikipédia. C'est une culture du multiple, du métissage et du multiculturalisme."
  • "Le culture du livre est organisée par la succesion des mots, des lignes, des paragraphes et des pages. Elle induit un modèle linéaire, organisé autour de relations de temporalité et de causalité." (je parle moi-même souvent d'espace/temps)
  • "Au contraire, la culture des écrans favorise la pensée non linéaire, en réseau ou circulaire"
  • "La culture du livre valorise l'identité unique censée être la propriété privée d'un individu."
  • "Au contraire, avec les écrans, l'identité se démultiplie. Le Moi n'est plus la propriété privée d'un individu mais une fiction tributaire des interactions des personnes dans un groupe, et donc à chaque fois différente."
  • "Dans la culture du livre, le mécanisme de défense privilégié est le refoulement (!), c'est à dire un processus inscrit dans la durée."
  • "Dans la culture du livre, les liens privilégiés sont essentiellement de proximité physique."
  • "Dans la culture numérique (...), la sociabilité sur internet consiste à partager un centre d'intérêt commun... (...)."
  • "Dans la culture du livre, l'autorité est assurée par la reconnaissance que donnent les diplômes, eux-mêmes délivrés par un pouvoir reconnu."
  • "Au contraire, dans la culture numérique, l'autorité est fondée sur le reconnaissance des pairs."
  • "Il en résulte un changement majeur dans le mode de régulation des groupes. Dans la culture du livre, elle repose sur la culpabilité et la punition (!!...)."
  • "Au contraire, dans la culture du numérique, la régulation repose sur tous les participants. Son instrument est la honte qui détruit la e-réputation."
  • "Nous voyons que la culture des écrans n'est pas une "sous-culture", mais une culture différente avec ses avantages propres. La culture du livre valorise l'incitation à la construction narrative (...). Tandis que pour les écrans, ce sont la spatialisation des données et leur visualisation qui en constitue le point fort, ainsi que le fait qu'ils stimulent l'interactivité et l'innovation."
  • "Chacune fait appel à un mode de fonctionnement cérébral et psychique distinct, de telle façon que l'être humain va plus vite en utilisant les deux (...)."
La complémentarité pour tempérer :
  • "Dans la culture numérique : dispersion de l'attention et pensée zapping, réussir sans comprendre, manque de recul cognitif et temporel, relations virtuelles, fuite de la réalité."
  • "Dans la culture du livre : ultraspécialisation (!!!...), donc difficulté d'adaptation, réduction aux apprentissages par coeur, inhibition de la créativité, augmentation de l'obéissance, développement de personnalités rigides et peu évolutives (!!!!...), relation de proximité physique, empathie réduite aux proches (...)."
Et si la montée en puissance de la culture numérique était prise en compte...
Et si la complémentarité se développait au sein même d'un nouvel écosystème du li(v)re équilibré entre partenaires...

Un livre à glisser sous le sapin ! :)

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

samedi 29 novembre 2014

La librairie peut-elle être open source ?


C'est en parcourant une présentation de Benjamin Tincq intitulée "Business Models for Open Source Hardware" que je poursuis mes reflexions sur la librairie de demain et l'évolution de son modèle d'affaire.

Donc, à la question, la librairie peut-elle être open source, je répondrais oui.
(Définition de l'open source, ici)

Cette reflexion d'ailleurs prolonge ce billet "Pour une économie du li(v)re circulaire et moléculaire" que j'avais écrit en septembre dernier.

Prenons l'exemple d'OpenDesk (dont est tirée cette image), un marketplace de design open source pour le bureau.
Sur OpenDesk donc, vous pouvez télécharger le fichier et fabriquer vous-même le produit ou le fabriquer prêt de chez vous dans un FabLab.
Le paiement se partage entre le designer, le Fablab et la place de marché (marketplace).

Peut-on donc imaginer un tel modèle d'affaire pour l'achat de lecture ?

Ce qui revient à imaginer et créer une autre chaine de valeurs... Or, vous savez que je n'aime pas bien ce terme de "chaine" pour avoir plusieurs fois utilisé le mot "constellation" de valeurs, ce qui a pour avantage de ne placer personne au-dessus ou en-dessous des uns des autres.
L'idée est celle de l'harmonie et des équilibres économiques de chacun.

Donc, pour reprendre le modèle OpenDesk, nous avons un créateur : designer ou auteur, un marketplace : Site web d'OpenDesk ou libraire/éditeur, un atelier de fabrication ouvert à tous et local : le fabliv ou imprimeur...

Cela pose donc la question de la position que doit donc prendre (au moins explorer) le libraire entre édition traditionnelle et auto-publication...
D'ailleurs, on peut aussi se poser la question de la vente directe de l'auteur, l'éditeur et le libraire. Cf. ici un billet de reflexion suite à l'accord Hachette/Amazon : 
"Is that a business that will always demand that publishers pay 30 percent of their net to an Apple or an Amazon? Or can you imagine it as a service that publisher’s buy for a flat 50 cents a book as they publicize their books on Facebook and sell them directly? Doesn’t take much of a mental workout to imagine that."

Et de relire ce plagiat public : "Bouleversements stratégiques dans la distribution du livre".
Venons-en donc à ce que je nommais pour ma part "Hyper Lieu", qui vraisemblablement a un antécédent (Patrick Bazin) dans l'esprit de Ray Oldenburg, qui a écrit en 1980 (!) le livre suivant, non traduit à ma connaissance (quel dommage) : "The Great Good Place: Cafes, Coffee Shops, Bookstores, Bars, Hair Salons, and Other Hangouts at the Heart of a Community".
Vous aurez remarqué que dans le titre, nous retrouvons aussi "Bookstores" et que dans son esprit, ce lieu du livre et de la lecture est bien un tiers-lieu...
"Il s'agit d'un endroit que les usagers utilisent quotidiennement, et dans lequel ils font partie de l'environnement, d'autant plus qu'ils le fréquentent. On parle d'ancrage physique ou de sentiment d'appartenance. On peut rapprocher ce lieu des cafés où la discussion entre habitués fait partie des activités importantes."  Wikipedia

Est-ce une définition si éloignée (ou telle que devrait l'être) la librairie  ?

Quid du tiers-lieu aujourd'hui ?

Voici ici, une actualisation qui interroge à la mesure de la librairie...

Le tiers-lieux est :
  • collectif
  • un lieu
  • un espace de travail
  • une organisation 
  • un langage
  • numérique
  • une gouvernance
  • des services
  • des financements (un nouveau modèle d'affaire)
  • un lieu de prospective (de recherche)
Inspiré ?

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

vendredi 28 novembre 2014

"Quand y'en a plus, y'en a encore"

 / 

Un court billet pour prolonger l'article de Nicolas Gary sur le site ActuaLitté...

Le titre de ce billet est tiré encore et toujours, des sketches de Coluche.

Une phrase pour résumer la nouvelle campagne de communication de la toute nouvelle entité de la librairie indépendante : "Entrée ailleurs" !

Et ce n'est pas sans rappeler une première campagne qui d'ailleurs, soit dit en passant, a été le déclencheur de ce blog :"Pourquoi les clients désertent-ils la librairie, 1ère partie : "...au secours des libraires... ou "au secours ! des libraires !"

Remarquez, 300K€ ont été économisés, c'est déjà ça de gagné !

Je ne reviendrai pas sur la photo utilisée par le Ministère de la culture pour lancer l'initiative, allez voir et lire vous même, ici. (Où nous apprenons qu'il faut fidéliser le client)

Bref, une belle occasion manquée à mon sens, mais bon, allez, soyons positifs et gageons que cette campagne attirera le plus grand nombre de clients dans les librairies afin d'aider à leur pérennité.

Rendez-vous dans quelques mois.

Et vive Super Dupont !

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

samedi 15 novembre 2014

L'imprimerie va-t-elle "bousculer l'avenir" ?














Photo : novembre 2014

Bousculons l'avenir !

Il y'a longtemps que je n'avais pas lu de billets aussi intéressants et clairvoyants.

Au passage un grand merci à Yves pour son excellente veille propulsée sur son blog : Yat & Print media.

J'aurais même pu en faire un plagiat public comme j'ai commencé à le faire depuis quelques mois maintenant mais ses billets sont tellement complets qu'ils méritent un petit résumé, et je ne peux que vous inviter à les lire intégralement tant ils abordent, au-delà de l'imprimerie, toutes les problématiques liées au choc numérique, notamment du point du vie (lapsus : vue) des modèles d'affaire...
Et que l'on ne peut accueillir le numérique sans se poser également la question de la formation et du management...

"Bousculer l'avenir", à lire ici.
"La transformation numérique...", à lire ici.

Une seule remarque cependant, la non prise en compte par Eric Hazan de la mise sur orbite progressive de l'économie collaborative qu'induit la (r)évolution numérique dans la société et donc dans les entreprises.

Deux phrases m'ont marqué : 

"Cette transformation va toucher, à des degrés divers, toutes les entreprises de tous les secteurs, avec des niveaux de maturité différents. C’est un peu une cible mouvante : on observera dans 3 à 5 ans l’impact de ce qui est inventé aujourd’hui. En revanche, les entreprises sont en train de s’adapter à ce qui a été inventé il y a 3 à 5 ans, mais tout le monde ne s’adapte pas à la même vitesse. Une entreprise qui ne bouge pas aujourd’hui sera de plus en plus décalée." Eric Hazan

Cela laisse imaginer la posture à prendre dès à présent pour nos métiers du livre et de la lecture...

"Il s’agit de bien comprendre que le papier (livre ?) est un moyen de communication parmi d’autres et que l’évolution des moyens de communication va vers moins de papier. Les imprimeurs (éditeurs et libraires ?) ont alors tout intérêt à accroître leur expertise sur les autres types de supports ou de canaux de communication." Joe Webb (nom prédestiné !;)

Pour Eric Hazan, les 4 freins à la transformation numérique :

  • les rigidités organisationnelles
  • le déficit de compétences numériques
  • le manque de ressources financières
  • le manque d’implication visible des dirigeants

Je suis complètement en phase quand il parle de "changement culturel" dans l'entreprise, la mode du vocabulaire des consultants parlerait de modifier l'ADN... Mais on sait (et je le dis par expérience) comme il est difficile d'accompagner le changement dans les entreprises, qui, comme tout être vivant acculé par la peur de l'avenir, se tient prostré... (Le Gaulois n'a peur que d'une chose : que le ciel lui tombe sur la tête, dixit Asterix/Goscinny).

Les 5 dimensions du changement sur l'entreprise et l'ebitda : 
  1. le numérique augmente la pression concurrentielle (notamment des pure players)
  2. le numérique transforme l’expérience client en la rendant multicanal (on parle alors de cross canal, voire d'omni canal, d'"expérience d'achat sans couture")
  3. le numérique bouleverse l’offre de produits et de services (le modèle d'affaire des librairies restera-t-il exclusivement la vente de livres papier, quels sont les relais de croissance envisageables, quels services... ?)
  4. le numérique permet aux entreprises de prendre des décisions mieux éclairées, grâce au big data (Enorme retard de la part des libraires (CRM) et des éditeurs... Il y a un enjeu de partenariat équilibré entre eux à imaginer... Les offres de streaming francophones comme Cyberlibris par exemple peuvent aider les éditeurs et les libraires en ce sens.)
  5. la transformation numérique des processus (Le Saas, la mutualisation, le cloud sécurisé, l'open source... bien des pistes sont à explorer !)

La formation... (appelée de ses voeux par Fleur Pellerin)
Qui forme les futurs libraires aujourd'hui ?
Qui forme les chefs d'entreprise / libraires d'aujourd'hui ?
Les libraires sentent-ils le besoin d'être accompagnés dans cette transformation numérique, tant dans les changements de la société, de leur entreprise, des supports qu'ils vendent, e-commerce et ebooks ?

Les libraires et les éditeurs font-ils parties des "beginners" (1) ou des "conservatives" (2) cités dans le l'excellent rapport Lemoine, page 53 ?

(1) Beginners : Ces entreprises ont adopté l’usage des e-mails, ont un site internet et utilisent une variété importante de logiciels, mais elles sont lentes et sceptiques quant à une adoption plus avancée des outils numériques tels que les réseaux sociaux, les applications mobiles, ou les outils de Big Data. 

(2) Conservatives : Ces entreprises ont délibérément choisi de ne pas faire du numérique une priorité stratégique, bien qu’elles aient souvent une gouvernance claire sur l’adoption et la diffusion des nouvelles technologies dans leur entreprise.

La "hiérarchie aplatie" (je préfère horizontale) en interne de l'entreprise pose aussi la question en externe, c'est à dire des nouveaux leviers de partenariat à trouver entre les acteurs, d'abandonner la "chaine" d'enchainement du li(v)re pour imaginer et construire un autre écosystème commun moléculaire du li(v)re.
Quand je parle d'acteurs, j'inclus bien sûr le client/lecteur, les auteurs, les éditeurs...etc. 

Prêt à être bousculé ou à bousculer ?

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

dimanche 9 novembre 2014

La librairie du futur ?

Vendredi 7 novembre paraissait le rapport Lemoine intitulé : 


"La nouvelle grammaire du succès : La transformation numérique de l'économie française", à télécharger ici.

J'avoue ne pas avoir encore lu l'ensemble de ce rapport et ne m'être concentré que sur la partie parlant de la librairie, et qui semble être une priorité.

D'emblée, fidèle au ton de ce blog, première remarque, je constate qu'à la lecture du premier titre : 
"1ère partie  : La transformation numérique est en cours et est plus porteuse d’opportunités que de risques pour l’économie française, page 41..."
"La transformation numérique est en cours..." En cours ?

Reprenons le titre du livre "L'âge de la multitude" (écrit par des auteurs, publié par un éditeur, et vendu par des libraires), ou plutôt le sous titre : "Entreprendre et gouverner après la révolution numérique"...
"Après la révolution numérique..." Après !
Essai publié en... 2012 !
Et je ne parle pas du dernier Jeremy Rifkin (cité dans ce rapport) et surtout du livre "La société connectée" de Julien Cantoni...

2ème partie, point 3 : "La France doit miser sur les personnes, sur l’éducation et sur le lien entre intérêt général et bien commun", page 74.
"Miser sur (...) le lien entre intérêt général et bien commun"
Bien commun...

Au passage, je vous invite à relire un des derniers billets de ce blog où il est question de Commun et de constellation (à la place de "chaine") de valeurs du li(v)re : "Pour une économie du li(v)re circulaire et moléculaire"

Je ne vais pas revenir sur les nombreux billets de ce blog qui parlaient de commerce cross/omni canal, du cross/transmédia, de logistique connectée et du dernier kilomètre, le POD... etc. Je vous laisse fouiller :)

Mais rendons-nous à la page 114 du rapport : "Projet emblématique pour action immédiate n°4, Librairie du futur"

Qu'y apprenons-nous ?

Pas grand chose. 
Outre ce blog et bien d'autres, le dernier rapport de l'Obsoco (pour le SLF), à lire ici, n'a, à ma connaissance, fait l'objet d'aucun commentaire et d'aucun projet de mise en action...
Pourquoi ?

"CONSTAT"
Le constat ne nous apprend rien de particulier.
Mais citons :

  • "commerce du futur mixant technologie et humain"
  • "Amazon est en passe de devenir le 1er libraire et détient près de 70 % des ventes de livres en ligne"
  • "Le handicap majeur dont ils (les libraires indépendants) souffrent est d’ordre logistique : il faut pouvoir livrer un client en moins de 24 heures et leurs systèmes d’approvisionnement et de distribution ne le permettent pas."
  • "le passage à une librairie connectée"

Sur ce dernier point, je n'ai rien à enlever : 

  • "Une batterie d’innovations technologiques peut donc être expérimentée : modernisation logistique dans une perspective d’internet physique, mutualisation des stocks et organisation de librairies en réseau, prescription de livres à partir d’un algorithme de recommandation utilisé par les libraires, impression d’un livre manquant directement dans les librairies, livres numériques, etc."


"PROPOSITION"

  • "Construire la « librairie du futur », premier cas d’application de la réinvention du commerce" (c'est l'objet de ce blog depuis 3 ou 4 ans !!!)
  • "permettre un réapprovisionnement en 24 heures, la mutualisation des stocks et la mise en réseau des libraires, une évolution des libraires vers un métier de prescripteurs de support et de livre numériques, et l’expérimentation de solutions print-lab d’impression des livres in situ." (et non chez l'éditeur)

La France ne manque de rapports et il sera intéressant d'écouter et de lire les réactions sur celui-ci.
La France manque d'action et de réalisation.

CONFIDENCE
Pendant une petite année (2014), 5 professionnels, spécialistes dans chacun de leur domaine : 2 dans l'édition, un dans la librairie, un dans les NTIC, et un dans l'imprimerie ont travaillé sur un projet global de nouvelle constellation de valeurs  des métiers du li(v)re afin d'étudier la faisabilité d'une ambition : imaginer les nouveaux modèles d'affaires et faire des métiers du li(v)re des métiers d'avenir.
Il en a résulté l'architecture d'une plateforme du li(v)re à haute valeur ajoutée orientée "Métiers du li(v)re".
  • "Une batterie d’innovations technologiques peut donc être expérimentée : modernisation logistique dans une perspective d’internet physique, mutualisation des stocks et organisation de librairies en réseau, prescription de livres à partir d’un algorithme de recommandation utilisé par les libraires, impression d’un livre manquant directement dans les librairies, livres numériques, etc."
Non seulement, ils ont répondu en tout point à ce rapport (et ce dernier point) et celui de l'Obsoco mais en plus il est apparu qu'avec un tel projet, Amazon pourrait sérieusement vaciller sur le produit li(v)re.

Vous avez bien lu.

La force de ce travail a été : la taille de l'équipe, le professionnalisme, l'expérience, l'ouverture d'esprit, la neutralité, l'indépendance, l'esprit collaboratif et open source, et la passion du livre et de la lecture... 
Aucune pression, aucun corporatisme, aucun lobbying... 
Du travail, de l'échange, des rencontres, des interlocuteurs passionnés, et un objectif : le futur du li(v)re.

A bon entendeur...

Le livre et la lecture vous tiennent en joie...

samedi 18 octobre 2014

Lettre à Fleur Pellerin, Ministre de la culture et de la communication

"Dire, c'est faire"

Que se passe-t-il depuis quelques mois ?

Les témoignages de personnalités officielles plutôt critiques et clairvoyantes  sont rares mais commencent à s'accumuler...

Le premier qui m'ait marqué cette année, Vincent Monadé, président du CNL :




Le deuxième est le suivant, il date de cette semaine (jeudi) et est tenu par la Ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin sur France Culture : 




Quelques extraits :

17'20, Brice Couturier : "L'arbre Modiano ne doit pas nous cacher la forêt"

24', le livre entre en scène

27'54, Fleur Pellerin propose un "plan de formation pour les libraires" !! (L'INFL, pas/plus adapté ?)

28'55, "au prix de quelques adaptations... 
Comment avoir des stocks plus importants ? 
Comment livrer des livres indisponibles très rapidement ? 
Comment améliorer la logistique pour relancer l'activité des libraires ?"

"Je vais m'employer à faire en sorte que ce soit le cas" (chiche ?)

29'25, "Le livre à l'heure du numérique" de Françoise Benhamou
"Toute la chaine de valeur est transformée. c'est une espèce de tsunami (déjà Frédéric Mitterrand, aux Rencontres nationales de la librairie à Lyon en... 2011, avait utilisé ce terme et l'avait complété : "suivi d'un rouleur compresseur". Qu'a-t-on fait depuis 2011 ?)
"La loi ne suffira pas " Faut-il comprendre que la défense ne suffira pas ?
Que la meilleure défense est l'attaque ?, dans le sens de présenter des outils opérationnels alternatifs efficaces face  aux AAG ? (inexistants aujourd'hui...)
Et Mme Benhamou de poursuivre : "Accompagner des usages qui changent et toute une chaine de valeur des offreurs qui doivent s'adapter à ces nouveaux usages" (... !)

Entre parenthèses, concernant Axelle Lemaire, il est dommage que dans les extraits entendus (ceux malheureux proposant de s'allier à Amazon), celui-ci ait été coupé : 

"Interrogée sur les transformations qu'entraînent le numérique dans le secteur du livre, et notamment sur ses répercussions sur les librairies, la secrétaire d'Etat, Axelle Lemaire, a incité les libraires à "s'organiser dans la chaîne d'approvisionnement logistique pour réussir à fournir des commandes très rapidement, sur 24 heures". "Pourquoi n'inventent-ils pas des formes futures d'être libraires ? (c'est tout l'objet de ce blog !) s'est-elle interrogée. Pourquoi ne sont-ils pas prescripteurs dans les recommandations et les référentiels logarithmiques ? Pourquoi n'ont-ils pas d'imprimantes 3 D dans leurs magasins pour imprimer les livres à la demande ? " (ce qui rejoint les propos de la ministre de la culture...)

32'15, parlant d'opérationnel, Fleur Pellerin : "... compréhension de cette chaine de valeur qui dépendra de notre capacité à modifier nos mécanismes d'exception culturelle pour préserver notre modèle.
Comment se forme la valeur dans l'économie de la donnée ?" (excellente question !)

32'28, "Moi je préfère ne pas douter mais faire"

Chère Madame Pellerin, sachez qu'à toutes vos questions du "comment" (ci-dessus), quelques professionnels indépendants, passionnés du li(v)re, ont depuis bien longtemps trouvé les solutions permettant  de préserver, et même de renforcer notre modèle.
Et que le numérique (que vous connaissez bien) se doit d'être un outil d'efficacité au service des métiers, des lecteurs et des communs.

J'en appelle donc à vous.
Seriez-vous prête à les écouter ?

N'est-il pas devenu urgent de préserver et d'enrichir notre modèle du li(v)re, et de l'orienter vers une constellation de valeur (et non une chaine) s'appuyant sur l'indépendance (et non l'individualisme), la neutralité, la mutualisation et les communs ?

Etes-vous sincèrement prête à agir, à faire

Le livre et le lecture vous tiennent en joie...

vendredi 3 octobre 2014

Harper Collins, libraire.


Il y a plus d'un an je décrivais ce que pourrait être à terme la stratégie de distribution du livre.
Les éditeurs pourraient voir, avec le développement du web, une opportunité de livrer le client en direct sans passer par les détaillants. Ici, les libraires.

De nombreux éditeurs français s'y sont mis comme Fleurus et bien d'autres.
Et à mon avis, c'est une stratégie qui va se renforcer, au grand dam des libraires.
Je vous invite à relire ce plagiat que j'avais ouvertement rédigé l'année dernière, ici.

Harper Collins va plus loin en profitant de l'"affaire" Hachette vs Amazon en proposant aux auteurs une meilleure rémunération si l'auteur s'engage à promouvoir son livre via la plateforme d'Harper Collins.
Voir l'article sur IDBOOX, ici.

On pourrait croire que cet éditeur a raison de le faire puisque les librairies indépendantes sont peu nombreuses aux Etats-Unis...
Mais n'était-ce pas l'occasion de renforcer le lien avec ces derniers et ainsi favoriser le renouveau du maillage des librairies sur leur territoire ?

A moins que les libraires américains soient peu sur le web et proposent peu d'e-commerce.
Comme en France.

Ne peut-on pas considérer cette stratégie comme déloyale vis à vis des libraires ?

Qu'en pensez-vous ?

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

jeudi 4 septembre 2014

Pour une économie du li(v)re circulaire et moléculaire (vidéos)

Les langues se délient, on commence à entendre les politiques avouer que le numérique, l'informatique, l'électronique, le digital, le web, l'internet, la technologie, bref appelez-le comme vous voulez, va ou vont détruire des emplois...
C'est une partie des analyses de Paul Jorion, dont vous pouvez lire une interview ici : « Pourquoi le travail et l'emploi vont disparaître »


Une autre raison semble s'ajouter (cause, effet ?) : la désintermédiation.
Nouveau mot à la mode ?
Non.
La désintermédiation existe depuis la nuit des temps mais comme souvent, l'évolution technologique (oserais-je dire le progrès ?) accentue et accélère le phénomène.

Au-delà de l'économie du livre, c'est l'économie tout entière qui est en train de muter, et même l'ensemble de la société.
Pour vous en donner un aperçu, je vous conseille de lire l'excellent livre de Julien Cantoni « La société connectée » aux éditions Incultes.
Ce livre parcourt l'ensemble des champs de notre société et y décrit le séisme qu'occasionne l'arrivée du numérique dans nos vies.
Dans nos vies à tous, mais surtout dans celles des institutions qu'elles soient publiques ou privées encore trop verticales face à l'horizontalisation qui s'opère.
Le citoyen parait beaucoup plus adapté et agile aux nouvelles technologies que ne le sont parfois nos dirigeants.
Pour la première fois peut-être dans l'histoire de l'Humanité, le citoyen est en avance technologique sur ses institutions (publiques et privées) que ce soit en terme d'équipement (Cf. dans le commerce par exemple, tous les billets sur l'utilisation des smartphones en magasin par exemple, alors que le vendeur n'est pas connecté) que d'usage : réseaux sociaux, téléchargements (légaux et/ou illégaux)... etc.

Qu'en est-il dans le domaine du livre et de la lecture ?

Le constat est le même, voire pire, tant ces métiers sont réfractaires à l'économie numérique et aux changements technologiques.
Plusieurs chemins se présentent à tous les acteurs du li(v)re en général et de la librairie en particulier.

En voici un qu'il semble nécessaire d'explorer car plus ouvert, plus collaboratif, bref plus solidaire.

Plutôt que de rejeter l'évolution numérique, peut-être faudrait-il s'en faire une alliée.

Du pair à pair (peer to peer) d'antan (Napster...) à celui d'aujourd'hui, on assiste à une désintermédiation accélérée des acteurs de l'économie.
Pour faire des économies, baisser les prix et/ou retrouver du pouvoir d'achat, tout le monde désintermédie à tout va, Cf. les exemples de Blablacar, Ouicar, airbnb, Uber...
Laissant un goût amer pour les métiers traditionnels, parfois à juste titre.

Dans le domaine du livre, celui qui a annoncé la couleur, il y a plusieurs années maintenant, n'est autre que Jeff Bezos, « L'important, c'est l'auteur et le lecteur ».
A bon entendeur...

Faut-il donc s'étonner de la nouvelle série très suivie en ce moment (plus que le Trône de fer ?;) des (non)négociations entre Amazon et Hachette ?

Après l'auto-édition, enjeu primordial au niveau planétaire pour Amazon, et la soumission des petits et moyens éditeurs (ceux qui n'ont pas de distributeurs en France par exemple, à part Amazon lui-même, et à ses conditions), c'est maintenant au tour des gros.
Et quitte à attaquer un gros, autant prendre l'un des plus gros : Hachette.

Mais n'est-il pas étonnant de constater le soutien des libraires à... Hachette ?
Les libraires soutiennent l'éditeur et non le libraire, Amazon étant une sorte de libraire (puisqu'il vend des livres et de la lecture).
Mais Amazon est un concurrent redoutable, et déloyal, des libraires...
Etonnement car il n'y a pas si longtemps les libraires accusaient Hachette d'octroyer de trop faibles remises commerciales.
Amazon n'est-il pas le premier libraire à vouloir renverser (à son avantage) l'équilibre entre éditeurs et libraires ?
Amazon n'est-il pas le premier libraire à imposer ses conditions aux éditeurs ?
Les libraires sont-ils donc pour Hachette ou contre Amazon ?
Tant de questions...

QUI va gagner au jeu de la domination ?
Aïe, le mot est lâché.

Amazon semble avoir des velléités de développement.
Peut-on lui reprocher ?
Ne doit-on pas surtout se reprocher de regarder en s’indignant et en laissant faire ?
C'est ce que semble penser Jacques Attali dans cet article récemment paru : « Amazon, et après » :

« Éditeurs, libraires et auteurs doivent s’en prendre à eux mêmes, en particulier en France : s’ils avaient anticipé la révolution digitale, s’ils n’avaient pas tout fait pour transformer le projet de Très Grande Bibliothèque, qui devait, dix ans avant l’émergence d’Amazon, être numérique, en une bibliothèque physique de plus, antédiluvienne et mal commode […]. »

Et pendant que nous regardons, d'autres se réunissent pour tenter de penser et de construire une alternative : « Building a Better Amazon »,  Think different :

« But, ultimately, we found that perhaps the best way to get traction against a dominant player like Amazon is not to build something equally titanic, but to build something wee, something human. Grassroots. Peer-to-peer. Something simple. Distributed. Democratic. Something that will turn the focus back to art and away from commerce and shareholders. Connection. Emotion. Humanity. Maybe each one of us should be a bookstore? »

C'est une autre voie (voix) qu'il est donc urgent d'emprunter (et de diffuser), la voie de l’équilibre, la voie qui mènera à transformer la chaîne de valeur du livre en une constellation de valeur du li(v)re.
Face aux tentations de monopole fermé et centralisé (et de domination), ne faut-il pas proposer une solution ouverte, décentralisée, mutualisée, bref commune (moléculaire), à l'opposé de la domination des uns sur les autres ?

Que faire, comment faire ?
Il y a un courant de pensée qui ne cesse de progresser dans tous les milieux, celui du collaboratif au service du Commun.
Crowdfunding, coworking, covoiturage, bien venue à l'économie de l'usage et du partage.
L'un des principaux penseurs n'est autre que Michel Bauwens (bientôt traduit en France), Cf. une vidéo explicative de sa pensée : « Vue d'ensemble de l'économie collaborative avec Michel Bauwens ».



Je ne vais pas entrer dans le détail ici, cette vidéo retraçant l'essentiel de sa pensée, notamment sur la notion de "capitalisme netarchique", mais retiens ceci :

« Dans un nouveau modèle du coopérativisme ouvert, une fusion pourrait s'opérer entre la production ouverte de communs entre pairs et la production coopérative de valeur ».

Sur l'économie collaborative, Cf. ce très bon résumé, « L’économie collaborative : produire et consommer autrement »

Et ici, l'émission retransmise sur Canal+, « Global partage », maintenant disponible en clair :



Or, s'il y a bien un domaine dans lequel le Commun et le partage devrait se développer, c'est bien celui de la Culture.

Dans le domaine du livre, il faut suivre l'excellent blog de Silex de Lionel Maurel, qui explore la potentielle évolution du droit dans les sciences de l'information.
Lionel Maurel a écrit également plusieurs billets concernant le thème de la propriété dans le sillage de l'économie libre et collaborative chère à Michel Bauwens : Peer Production Licence.
Pour un autre droit d'auteur ?

Le « barbare » toute catégorie reste Amazon. Et on ne peut pas reprocher à Jeff Bezos de le faire à l'insu de tout le monde puisqu'il l'a annoncé depuis des années.  Et peut être de certains de penser : il n'y arrivera pas ou on ne le laissera pas faire. C'est mal le connaître.

Tous les secteurs sont touchés par la désintermédiation.
D'ailleurs peut-on (doit-on) reprocher aux agriculteurs de proposer à leurs clients de venir cueillir leur production directement dans le champ pour avoir des prix plus bas ?
Qui est contre La ruche qui dit oui ?
Qu'en pensent la grande distribution, les  commerçants ?
Ont-ils le choix ?

Il en est de même dans le livre, papier et numérique.
Est-ce un bien ou un mal ?
Peut-on l’éviter  ?
Il suffit de lire la partie de l'article du journal Le Devoir : « Renaud-Bray dit vouloir changer les choses dans le monde du livre » concernant le bras de fer entre la librairie québécoise Renaud-Bray et Dimedia (distributeur au Canada) pour comprendre le malaise lié à l'intermédiation forcée ?, et dépassée ?
Blaise Renaud :

« C’est l’ajout d’un intermédiaire qui a un impact colossal sur les résultats financiers des éditeurs et des libraires, poursuit celui qui se voit autant comme commerçant que comme libraire. Au Québec, la distribution est devenue une business privée. Je n’ai pas de mal avec un mandat de grossiste : rendre le produit disponible avec peu de préavis à ceux qui en ont besoin et qui sont prêts à payer un peu plus cher pour être en mesure de recevoir à peu près n’importe quoi à l’intérieur de 24 h ou de 48 h. » Ce qui est un peu le principe de la SAQ, pour faire une comparaison grossière. « Mais je suis en mesure de constater aussi ce qui n’est pas disponible chez les fournisseurs, qu’on va être obligés de demander, qui va mettre deux mois en bateau pour arriver, qui va être réceptionné et réemballé chez les distributeurs, réexpédié chez moi. Pendant tout ce temps, à chaque étape, même les retours, le distributeur fait des profits. »

Comment s'adapter à ce processus de désintermédiation ?
En luttant contre ?
En faisant que ces mutations renforcent les partenaires et rééquilibrent la place (et les revenus) de chacun des acteurs, auteurs compris ?

Dans un monde où l'écologie prend de plus en plus de place, réjouissons nous-en, peut-on encore se permettre de tels tirages, de tels allers et retours (le papier est lourd, le pétrole augmente, quid des rejets de CO2...etc.), de tels pilons et de tels délais ?
La prochaine révolution annoncée est celle de l'impression 3D, qui va certainement rebattre les cartes à la fois de la production industrielle mais aussi de la logistique.

En lisant le livre de Christophe Sempels, « Les business models du futur » aux éditions Pearson, on comprend en quoi l'économie évolue aussi de plus en plus vers l'économie de la fonctionnalité et l'économie circulaire, dite du "craddle to craddle".
La logique économique de baisse des coûts (Lean) et écologique du livre voudrait donc que l'on réduise les coût visibles et cachés de manière forte en instituant également l'amélioration continue.
Peut-être ainsi verrait-on les marges de chacun augmenter ?

En permettant l'impression à la demande (POD) chez un imprimeur (imprimer est un métier) local, régional, au service de l'éditeur et à proximité des libraires, vous supprimez en grande partie le transport des livres, vous diminuez de manière sensible le stock en librairie (réassort ultra-rapide), vous augmentez la rotation, vous réduisez donc potentiellement la surface et donc le loyer.
Il y a également la solution de l'EBM, Expresso Book Machine, et même si Barnes & Nobles la teste actuellement, outre les livres du domaine public et l'autoédition, je doute fort, et je le comprends, que les éditeurs permettent l'impression de leurs livres sans vraiment connaître la qualité à la sortie.
Et quid des livres illustrés ?

C'est donc l'ensemble des coûts principaux des librairies qui diminuerait drastiquement, la marge augmenterait donc sensiblement, et une partie de ces économies pourrait être mise au service du client par des investissements technologiques (numériques) permettant de réduire la manutention (moins de stock à ranger et retourner), d'augmenter son service client, d'accélérer les délais de livraison (en BtoB et BtoC), d'équiper le libraire à la vente cross canal, de recruter, lui permettant de (re)mettre son métier au cœur des besoins et désirs des clients.

Le livre ainsi rematérialisé au plus près de sa source de vente gagnerait en délai, en coût et satisferait le client libraire et le client final, le lecteur.

Mais que devient le distributeur ?
A-t-il encore une utilité dans ce schéma ?
Et n'est-ce pas un point de blocage essentiel dans la négociation entre Renaud-Bray et les éditeurs, ainsi qu'Amazon et Hachette ? : « Amazon to print out of stock books on demand ? »

Un monde du livre décentralisé (moléculaire), ouvert, équilibré, collaboratif, contributif semble une utopie pour certains...
Mais le monde du li(v)re n'aurait-il pas dû anticiper ces évolutions qui sont (d)écrites depuis des années déjà dans les livres qu'ils publient et vendent eux-mêmes ?
Imaginons une base de données numériques sécurisée comprenant plusieurs centaines de milliers de PDF imprimeurs mis à disposition des métiers du li(v)re : éditeurs (tous, des micro-éditeurs aux majors, régionaux et nationaux) , libraires et imprimeurs à la demande régionalisés (selon une carte nationale établie par l’inter-profession et des cahiers des charges extrêmement précis des éditeurs).
Le libraire peut concentrer son cœur de l'offre "physique" sur ses choix papier (à partir de 5000 références ?) et disposer d'une profondeur de gamme jamais égalée grâce à une base de données de livres numériques (epubs) et de PDF réimprimables à la demande en région, donc livrables au libraire et au client en 24/48h.
Cela voudrait dire que tous les libraires, quelque soit leur taille, seraient capables de rivaliser avec les plus grands acteurs mondiaux.
Que deviendrait alors Amazon sur le plan de li(v)re ?

Si Amazon le fait, cela veut dire que c'est technologiquement possible.
Pourquoi les libraires indépendants ne pourraient-ils pas le faire en investissant le numérique avec les partenaires des métiers du li(v)re et en se différenciant, en mettant l'humain (les lieux et les libraires) et les métiers au cœur de leurs préoccupations et de celles des clients/lecteurs ?
Tous les services, tous les logiciels, tous les métiers, toutes les compétences... etc. existent et sont sourcés, et à des coûts de plus en plus abordables, d'autant s'ils sont mutualisés.

Une autopie ?

Pourtant, certains l'ont fait :
« Esprit de coopération et développement d'une agriculture biologique durable, transparence et équité des relations commerciales, qualité des produits et participation des consom'acteurs sont les piliers d'un texte fédérateur pour les acteurs du réseau. » Charte Biocoop

Esprit de coopération et développement d'une culture de la lecture et du li(v)re durable, transparence et équité des relations commerciales, qualité des li(v)res et participation des lecteur'acteurs sont les piliers d'un texte fédérateur pour les acteurs du réseau. Charte xxx ?

J'aime entendre dire : "Impossible n'est pas français !"

A nous de jouer !

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

samedi 14 juin 2014

Les libraires aussi pourraient avoir la CLEF du succès...(vidéo)

Cyberlibris aurait-il la CLEF du numérique ?

La première fois que j'ai rencontré Eric Briys, l'un des fondateurs de Cyberlibris, c'était à l'ENSSIB à Lyon, il y a 3 ou 4 ans.
Nous assistions tous les deux à un séminaire sur le livre et le numérique.

Ce qui m'avait interpellé à l'époque, c'est cet amour inconditionnel au livre, au savoir et à sa diffusion.
Véritable rat de librairies, je compris mieux en quoi cet ancien "baroudeur" de la finance, auteur à ses heures, eut un jour l'idée folle (nous sommes en 2001) de se lancer dans la création d'une plate-forme de lecture en streaming.

Ci-dessous, une présentation en vidéo de Cyberlibris :



Si vous souhaitez en savoir plus, visitez la chaine Youtube de Cyberlibris.

Depuis, Eric et moi nous sommes revus régulièrement, s'inquiétant tous deux de la disparition des grandes chaines du livre qu'étaient Virgin et Chapitre, et des difficultés des libraires indépendants.
Ces disparitions vont-elles venir en aide aux librairies indépendantes ?
Sans nier une embellie passagère, je m'interroge sur l'avenir, tant les challenges à relever sont nombreux...

Qu'à cela ne tienne, Cyberlibris a imaginé des solutions adaptées à chacun des acteurs en lien avec les lecteurs : bibliothèques universitaires, entreprises, collectivités territoriales, les bibliothèques publiques mais aussi les librairies, oui, vous avez bien lu : les LIBRAIRIES.

C'est à travers la CLEF (Culture, Lecture publique, Education, Formation) que Cyberlibris compte apporter une solution d'usage aux territoires français, au territoires numériques français : Territoire numérique.

Cyberlibris propose donc un partenariat aux libraires désireux de proposer à leurs clients particuliers et collectivités des solutions de lecture en streaming.

Et si Cyberlibris avait la CLEF du numérique pour les libraires..
A suivre donc !

Si vous souhaitez approfondir le sujet du numérique et des territoires, je vous conseille de lire le rapport effectué par Claudy Lebreton "Les territoires numériques de la France de demain", à lire ici.

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

samedi 7 juin 2014

Ideas Box (vidéos) : A Library/Media Center in 18 minutes !

Access to education, information and culture in humanitarian situations...

Des  projets comme on les aime...
Je vous laisse découvrir en vidéos le projet de BSF, Bibliothèques Sans Frontière.
Il parait que donner accès et lire en numérique est compliqué...
C'est bleffant de simplicité, cette bibliothèque compacte et mobile est un vrai pied de nez  à l'obscurantisme !
Faites suivre !!


J'en veux une !
;)



Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

lundi 31 mars 2014

Internet et médias sociaux, infographie à l'usage des libraires

Très rapide à lire, cette infographie compilée par Novius a le mérite de dresser rapidement un état des lieux et le chemin qu'il faudra prendre afin d'apprivoiser le net et les médias sociaux pour tout un chacun et donc aussi par le libraire...


Internet et médias sociaux : les grands chiffres et tendances 2014 from Novius

Le livre et la lecture vous tiennent en joie !

samedi 15 mars 2014

Le web, le contenu et la librairie (vidéo)

"Dans mes soirées, vous me trouverez toujours en train de lire..."

Venues directement de la Corée du Sud, réputée pour être le pays le plus connecté au monde, Samsung oblige, voici les BD sur le web ou Webtoons.
On aime ou on aime pas...
Je vous propose de découvrir une vidéo qui montre le processus de "production" de ces webBD.


Ce qui m'intéresse ici, et je vous le livre en réflexion c'est la place de chacun des acteurs de la chaîne du livre dans ce processus.
Donc, au fur et à mesure de la vidéo, nous voyons comment se crée l’œuvre pour le web jusqu'à sa commercialisation "gratuite" en ligne, la rémunération venant de la pub, comme sur Youtube.

Cependant, le papier n'est pas oublié... (et donc le libraire ?)

Donc, n'assiste-t-on pas à l'inversion du modèle de publication, depuis le web vers le papier en passant par la pub, le cinéma, l'ebook... avec chacun son imaginaire dédié ?

Mais, ne suis-je pas en train de parler de transmédia ? ;)

Enfin, pour pousser la commercialisation au bout, je vous propose de découvrir un projet lancé par Ikéa il y a quelques années déjà,  "En utilisant simplement les intégrations de liens "on video" de YouTube" :

 

Vidéos
Réseaux sociaux
Une autre manière de mettre le li(v)re en scène (merchandising digital), un plaisir d'achat, une manière ludique et simple de s'informer, voire de commander sur le web.

Le li(v)re et la lecture vous tiennent en joie !