La librairie est morte, vive la... ?

La quoi ?
Le monde de la librairie vit une mutation sans précédent, le commerce électronique et la dématérialisation du livre .
Comment les libraires doivent-ils s'adapter à cette nouvelle donne ?
Si la librairie d'aujourd'hui est morte, alors quelle sera-t-elle demain ?

vendredi 24 avril 2015

Le marché du livre : offre ou demande ?

Au salon du livre de Paris, qui ressemble de plus en plus à un salon pour les éditeurs que pour le livre, j'ai assisté au débat :

"L'impression à la demande en librairies : Chimère ou réalité ?"


Etaient présents sur l'estrade :  Christian Vié (directeur d’Orséry), Noémie Derhan (chargée de relations France de BoD), Hubert Pédurand (directeur du bureau d’études de l’UNIIC, Union Nationale des Industries de l'Impression et de la Communication, et responasable du projet Ireneo via l'EBM), Renny Aupetit (directeur associé de lalibrairie.com), Pascal Lenoir (directeur de la production des éditions Gallimard et directeur de la CCFI, Compagnie des chefs de fabrication de l'imprimerie et des industries graphiques) et animé par Baptiste Liger de L’Express.

Intéressant ce titre, non ?
Chimère...
Une chimère est une créature mythologique malfaisante...
Le ton était donné.

J'ai ainsi eu l'impression d'assister à un dialogue de sourds entre deux conceptions du monde du livre (que l'on retrouve en économie) : marché de l'offre ou marché de la demande ?

Vous savez, pour ceux qui me lisent depuis un petit moment maintenant, que je suis un fervent défenseur du "et", et donc qu'elle n'a pas été ma surprise de constater que nous en étions encore là... Bref.

Et si le marché du livre était une banane, disons pointes vers le haut (soyons optimistes), de quel côté le/la manger ?



François Hollande et Fleur Pelerin devant l'Espresso Book Machine du programme Ireneo, stand du salon du livre de Paris 2015




Classique, les personnalités représentants la demande sont celles qui impriment (à la demande)  : BOD, Ireneo et Orséry, les autres qui représentent l'offre sont celles qui éditent et vendent : le libraire et l'éditeur présent, ici Gallimard.

Mais ne mélangeons-nous pas ici l'offre de contenu et la demande de "produit", de matérialisation et d'achat du contenu ?

On sait que l'évolution de la consommation (collaborative) évolue sans cesse un peu plus vers la demande : vélos, voitures, outillages... une manière de consommer une utilisation, plutôt qu'un bien.
C'est aussi, dans le domaine de la culture, ce que l'on nomme communément le streaming : musique, vidéo... le livre ?
Ici, nous sommes dans un entre-deux, la possibilité de rematérialiser les contenus numériques en quelques minutes et à l'unité, soit directement sur le point de vente (Ireneo et Orséry), soit chez l'imprimeur (BoD).


 Stand Orséry, salon du livre de Paris 2015








Côté éditeurs, on publie en "x" exemplaires pour diffusion et distribution en librairie, générant potentiellement des retours.
J'ai déjà écrit sur ce sujet dans un précédent billet, dans lequel j'abordais la notion d'économie circulaire, non dans une chaine de valeur du livre, mais une constellation de valeur du li(v)re : ici.
Evidemment, partisan du "et", je suis plutôt très favorable à l'intégration de tels outils en librairie, à l'inverse du libraire présent qui, selon ses termes, n'est pas un opérateur de saisie.
D'ailleurs, je reste convaincu que les 3 canaux pourraient tout à fait se compléter : le canal du LAD (Livre à la demande) in situ en librairie, le canal du POD (Impression à la demande) mais régionalisé, et le canal de l'impression classique pour certains offices et les "best" en quantité, peut-être aussi régionalisé.
Mais imaginer matérialiser un contenu en moins de 5mn devant le client rend service à l'éditeur pour la vente de ses titres, notamment épuisés, et permet au libraire de proposer une offre très étendue, sans stock, donc sans livraison, rangement, retour...
Et si ces machines étaient capables d'imprimer bien d'autres choses...

Bref, la technologie avance et semble présentait un panel d'outils qui devrait rendre service au libraire, donc à l'éditeur et à l'auteur...

Que du bonheur ?

 A suivre...


Manuel Vals devant l'Espresso Book Machine du programme Ireneo, stand du salon du livre 2015


Comme quoi, nos politiques sont intéressés...